Avril 2024
Depuis plusieurs mois, les prix des matériels photovoltaïques provenant d’Asie sont nettement inférieurs aux prix des matériels assemblés en France et en Union Européenne. Cette situation a beaucoup d’impacts sur la filière et sur notre coopérative.
Guide dwatts pour le matériel photovoltaïque
Une des premières actions de dwatts en 2017, pour accompagner le développement des premiers projets photovoltaïques : définir un guide matériel. Ce guide sur lequel la coopérative s’appuie depuis le début définit le recours à du matériel (panneaux, onduleurs, et système de fixation) assemblé en Europe.
Ainsi ces dernières années, à de rares exceptions près (mauvaises lectures des provenances par exemple), l’ensemble des modules posés sur nos installations sont de marque française (Voltec, assemblage France) ou européennes (Bisol essentiellement, Slovénie). Pour les onduleurs, ce sont principalement des onduleurs Fronius (Autriche) et parfois, lorsque les projets le permettent, CEFEM (Ardèche).
Ce choix initial a permis de traduire dans les faits la volonté de faire du photovoltaïque différemment. Il s’agit de sortir de la seule logique du prix le moins-disant, et de, quelque soit l’échelle, raisonner au maximum en « local »1 et de favoriser les retombées au plus proche de nous.
Un contexte mondial qui interroge notre engagement
Depuis plusieurs mois, le prix de panneaux en provenance d’Asie (et de Chine en particulier) a atteint des niveaux planchers. Les assembleurs européens ne peuvent les concurrencer, ni même les approcher. Les modules européens peuvent être de l’ordre de 50 % plus chers que leur équivalent en provenance d’Asie. Hors les modules représentent environ la moitié du prix de l’investissement (mais seulement 10 % des flux économiques sur les 30 ans d’exploitation de l’installation).
Cet écart de prix est notamment dû à une situation de stocks de modules importants. Il peut donc être considéré comme relativement conjoncturel. Pour autant le phénomène est suffisamment installé pour être sensible sur l’ensemble de la chaîne. Vu les ordres de grandeur, les grands développeurs privilégient systématiquement des modules asiatiques. Cela met ainsi en grande difficulté les rares industries européennes de panneaux photovoltaïques.
De l’autre coté, les prix d’achat de l’électricité par EDF sont en baisse pour accompagner la diminution du coût d’investissement des installations photovoltaïques (puisqu’en grande masse, ce sont bien des panneaux asiatiques qui sont posés). La diminution de ces prix d’achat rend d’autant plus difficile la tenue économique des offres basées sur des modules européens.
Évolution temporaire du choix de la coopérative
Dans ce contexte, nous avons de fait constaté la difficulté de garder des offres compétitives face aux grands développeurs. Si nous ne questionnons pas la provenance des modules2, la faisabilité économique intrinsèque des projets peut également être en jeu. Par ailleurs, nous avons chiffré l’écart de prix sur nos projets. La différence entre modules européens et asiatiques représente par exemple 17 000 euros pour 500 m² de modules… soit davantage que ce que nous rémunérons nos équipes d’Impuls’ER pour le développement.
Aussi, nous avons décidé de déroger temporairement (en attendant un resserrement des prix) à notre guide matériel de façon à pouvoir proposer une alternative aux propriétaires louant leurs toitures à dwatts. Des modules asiatiques pourront être envisagés lorsque le projet ne serait pas retenu ou réalisable économiquement avec des modules européens. Ces propositions répondront en revanche à des attentes de rentabilité différenciées. La marge réalisée par la coopérative sera ainsi plus faible avec du matériel européen afin de partager l’engagement avec le propriétaire quand ce dernier le souhaite.
Ce choix n’a pas été facile à faire, mais nous pensons que ce dernier nous permettra de dégager de nouvelles marges de manœuvre pour conduire les différentes actions de la coopérative (un prix d’électricité plus solidaire en autoconsommation collective, des animations d’éducation populaire sur l’énergie, du développement à risque de grands projets,…) et pouvoir encourager, d’une autre façon, une transition énergétique citoyenne la plus locale et solidaire possible.
1 Les panneaux photovoltaïques restent de fait un produit de la mondialisation avec des chaînes de fabrication qui s’étendent sur le monde entier.
2 Les autres critères de notre guide matériel ne sont pas remis en cause.