août 2024
Hembise et Vincent Lefort sont sociétaires de la coopérative citoyenne d’énergies renouvelables dwatts au sein du collège des habitants et acteurs locaux. Ils ont été impliqués dans l’aventure à ses débuts. Ils suivent depuis le développement de dwatts.
Rencontre avec Vincent pour échanger avec lui sur son intérêt à l’énergie et sa vision de dwatts.
Depuis quand es-tu sociétaire et pourquoi as-tu choisi de rejoindre/participer à dwatts ?
Je suis aujourd’hui « jeune retraité » mais mon activité professionnelle a été importante dans mon lien avec dwatts. Nous avons été viticulteurs à Barnave avec Hembise ma compagne pendant 40 ans.
Quand nous avons choisi de produire du raisin pour la Clairette, cela était évident pour nous que se serait en bio. A l’époque, cela n’était pas très courant. Cet engagement était crucial pour nous car la culture de la vigne peut être assez polluante (utilisation de pesticides et herbicides).
Au delà de l’agriculture, je retrouve cet engagement écologique et politique sur l’énergie et au sein de dwatts. C’est une évidence pour moi que les sujets sont liées. En 2010, nous avons installé du photovoltaïque sur notre toit notamment sous l’impulsion de JP Brun, qui était un professionnel du secteur.
En parallèle à ce projet personnel, nous avions porté avec Jean-Pierre un projet global avec la cave Jaillance à Die, dont j’étais alors vice-président. Si l’installation des panneaux a été effective sur les toits de la cave, les idées plus abouties sur un projet global (ex utiliser une partie de la manne financière de ces panneaux pour porter d’autres projets énergie comme la climatisation solaire) n’a pas pu voir le jour. C’est à ce moment là qu’on s’est rencontré avec Jean-Baptiste Boyer, aux alentours 2015. le premier « comité » dwatts, qui réunissait une dizaine de personnes, émergeait.
Comment vois-tu dwatts aujourd’hui ?
Ces dernières années, j’ai surtout suivi les activités de dwatts à travers les AG et les personnes que je connais plus personnellement en son sein. J’ai beaucoup de respect pour le travail mené et pour la façon dont la coopérative a su se développer (par exemple avec la création d’Impuls’ER).
Nous profitons du tiers-investissement proposé par dwatts, avec toitures partagées, sur le seul espace libre qui restait… à savoir une grange devenue la maison de mon fils.
Le mot central, qui parle pour moi de dwatts, c’est « énergie citoyenne ». C’est une dynamique que j’essaie de partager notamment au sein de mes collègues du monde agricole. Ces derniers subissent un démarchage pour l’installation de panneaux de la part d’entreprises « classiques ». Si le volet coopératif peut parler, je vois qu’au final cela correspond peu à leurs univers. Peu de collègues agriculteurs se préoccupent directement de participer à la production d’énergie. Ils voient avant tout l’intérêt financier (loyer, construction bâtiment). C’est une vraie interrogation de ma part. Comment transmettre l’intérêt de la démarche collective de dwatts à mes collègues du monde agricole ? Comment est ce que la coopérative pourrait être plus reconnue dans ce monde là ? Par exemple, l’achat d’énergie en autoconsommation collective me paraît aussi très intéressante pour eux.elles.
Comment vois-tu la coopérative dans 5 ans ?
Je suis confiant sur le fonctionnement de dwatts, qui me semble bien cadré financièrement.
Je m’interroge sur le lien avec le territoire. Les élu.e.s travaillent le sujet de la sobriété et de la production d’énergie. Cependant le potentiel et les enjeux me paraissent très forts. Comment amplifier et renforcer les projets ? Par exemple, est ce que les élu.e.s peuvent rendre obligatoire l’installation de panneaux photovoltaïques pour l’obtention d’un permis de construire, notamment dans les ZAC (zone d’activité commerciale) ?
L’expertise de dwatts me semble bonne et bien perçue. Comment l’utiliser pour répondre à ce potentiel ? Dans le Diois notamment, sur les toits des bâtiments agricoles ou industriels, ce potentiel apparaît sous-utilisé.
Quelle.s réflexion.s également avoir sur l’installation raisonnable de panneaux photovoltaïques au sol dans certaines zones (ex : des talus en friche) ? Des contraintes en découlent, c’est sûr. Mais est ce que si cette électricité produite est pour les locaux, cela ne serait pas plus acceptée ? Cela rejoint le cœur de dwatts à travers la vente de l’électricité produite en direct avec l’autoconsommation collective.
Finalement, par rapport au monde agricole, qui a pendant des générations de paysan.ne.s, été dans une démarche d’auto-production alimentaire mais aussi énergétique ( ex : micro station hydroélectrique), comment retrouver cette démarche ? Bien sur le faire seul.e sur sa ferme est aujourd’hui décalé, mais comment participer plus collectivement à la production d’énergie ?